Premier rapport de suivi des recommandations du défenseur découlant de l’Examen des services de santé mentale et de prévention du suicide chez les jeunes
Le 03 octobre 2022
FREDERICTON (GNB) – Le défenseur des enfants, des jeunes et des aînés du Nouveau-Brunswick, Kelly Lamrock, a constaté que même si le Nouveau-Brunswick a augmenté le financement et la formation en matière de services de santé mentale au cours de la dernière année, le plan à long terme demeure trop vague.
Ses conclusions sont présentées dans la première mise à jour déposée par son bureau relativement à la mise en application par le gouvernement des recommandations formulées dans le cadre de l’Examen des services de santé mentale et de prévention du suicide chez les jeunes.
Conformément à l’article 21 de la Loi sur le défenseur des enfants, des jeunes et des aînés, M. Lamrock avait demandé au ministère de la Santé de fournir une réponse sur l’état d’avancement des recommandations formulées dans de récents rapports. Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’un nouveau processus de suivi des recommandations qu’il prévoit utiliser pour demander des comptes à l’organe exécutif du gouvernement.
« Il arrive fréquemment que les rapports soient publiés, examinés, puis oubliés, a déclaré M. Lamrock. Nous avons l’intention de nous assurer que nous informons l’Assemblée législative et le public de ce que le gouvernement fait et ne fait pas pour donner suite aux rapports de notre bureau. »
L’accent a d’abord été placé sur le suivi des recommandations des rapports Le meilleur de ce que nous avons à offrir, Aucun enfant abandonné et Une question de vie et de mort, trois rapports portant sur les services de santé mentale offerts aux jeunes et visant à fournir des orientations en matière de prévention du suicide, de détection et de traitement, et d’interventions urgentes et attentionnées.
« Nous savons que le système a échoué pour la jeune Lexi Daken, a affirmé M. Lamrock. Nous avons abordé cette mise à jour en nous demandant si le dénouement aurait été différent aujourd’hui. Nous voulons voir des signes montrant que les personnes au pouvoir ont agi de toute urgence et tiré les leçons du passé. »
Le défenseur a cerné trois thèmes pour catégoriser les recommandations des rapports de l’Examen des services de santé mentale et de prévention du suicide chez les jeunes :
accès aux soins en temps opportun;
soutien communautaire pour accélérer la prévention et la détection des risques; et
gouvernance qui fait progresser les droits des enfants plutôt que des silos du gouvernement.
En examinant ces enjeux, M. Lamrock a constaté que des progrès réels ont été réalisés en augmentant le financement et les ressources humaines dans le secteur des services de santé mentale, en fournissant une meilleure formation et de meilleurs processus en matière de transfert des connaissances pour les soins urgents, et en accordant un financement préliminaire dans des domaines nécessaires comme la pédiatrie sociale, la recherche sur l’ensemble des troubles causés par l'alcoolisation fœtale et les services de santé mentale sans rendez-vous.
Il a toutefois constaté d’importantes lacunes en matière de planification et de stratégie à long terme dans plusieurs domaines clés, comme le recrutement des ressources humaines, les partenariats communautaires, les services aux Premières Nations et les soins primaires en santé mentale.
« Comme l’a exprimé un jeune, il doit y avoir une solution entre rester à la maison et se rendre aux services d’urgence. Pour y parvenir, nous n’avons pas uniquement besoin de fonds et de bonne volonté. Il faut un plan à long terme avec du financement à long terme et des objectifs clairs, a dit M. Lamrock. Un projet pilote sans plan n’est qu’un placebo. Les services offerts à une Première Nation ne constituent une réponse adéquate que s’il existe un plan pour les 15 Premières Nations. Il est acceptable d’invoquer le manque de personnel seulement si vous disposez de chiffres précis et d’un plan de formation de ces personnes. Le financement d’un programme communautaire n’est efficace que s’il s’inscrit dans un cadre à long terme et que si son financement est assuré.
« Des réflexions et idées intéressantes ont été formulées. Il nous faut maintenant un intérêt et un leadership durables qui transforment une idée en système. C’est ce que je m’attends à voir dans notre prochain rapport intermédiaire. »
M. Lamrock a indiqué qu’il publiera un deuxième rapport d’étape en 2023 et qu’il exposera les attentes suivantes à l’égard du gouvernement :
Disposer d’un plan de recrutement crédible pour attirer des professionnels de la santé mentale.
Fournir une formation pour prendre en compte les problèmes de santé mentale des jeunes dans les interventions d’urgence avec une approche mieux adaptée aux enfants et à leur culture.
Établir des normes de pratique claires avec des pratiques exemplaires bien définies et documentées.
Élargir les possibilités de traitement en marge des interventions d’urgence avec un plan bien précis.
Investir dans les réseaux de pairs et les écoles ou les programmes communautaires dans le cadre d’un plan global de santé mentale et de prévention du suicide chez les jeunes dans le cadre de la réforme de la santé mentale du gouvernement.
Nommer une personne-ressource et un ministère responsable de la santé mentale des membres des Premières Nations et disposer d’un plan crédible pour les 15 Premières Nations.
Planifier la mobilisation des jeunes et la formation des pairs.
Désigner des partenaires communautaires avec des rôles définis et un financement précis et prévu au budget du gouvernement.
Revoir le protocole des cas complexes et l’utilisation accrue d’équipes intégrées.
Simplifier la planification intégrée pour les enfants ayant des besoins importants en matière de santé mentale en définissant les obstacles et en établissant un plan pour les éliminer.
Mettre en œuvre des mesures claires en matière de responsabilité et d’obligation de rendre des comptes à l’échelle du Cabinet et de l’administration.
M. Lamrock a déclaré que les signes d’amélioration au niveau de la prestation de services intégrés témoignent de l’engagement du gouvernement, notamment par la modification de la Loi sur le bien-être des enfants et des jeunes. Il a exhorté le gouvernement à adopter la pratique d’évaluer chaque enfant ou jeune traité pour des services d’urgence en santé mentale ou qui présente des signes d’idées suicidaires, de leur ouvrir un dossier et de réaliser pour eux un plan de prestation de services intégrés.
M. Lamrock a déclaré qu’il avait ouvert une enquête en vertu de l’article 13, sur la formation et le recrutement de professionnels de la santé mentale et sur le financement des programmes par le ministère de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail. Il a de plus appelé le gouvernement à veiller à ce que le surplus soit utilisé pour aborder les problèmes actuels des services d’urgence.
Il a également souligné la nécessité pour le gouvernement fédéral d’agir avec diligence en octroyant des fonds aux provinces pour remédier à la crise des services d’urgence.
« Rendre des comptes, c’est bien, mais le gouvernement fédéral n’a pas besoin d’une étude pour comprendre que le système est à bout de souffle, a déclaré M. Lamrock. Bob Dylan a déjà dit qu’il n’était pas nécessaire d’être météorologue pour savoir dans quelle direction souffle le vent. De même, nous n’avons pas besoin d’études pour savoir que nos salles d’urgence sont en situation de crise. »
Selon M. Lamrock, puisque ce processus est bien établi et que le gouvernement sait que les recommandations feront l’objet d’un suivi et que leurs progrès seront mesurés, il a l’intention de faire rapport à l’Assemblée législative dans environ huit mois.